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Calligraphie : Al-Wakil.

Calligraphie : Al-Wakil.

Sache que le mot arabe tawakkul dérive du substantif wakala (mandement, procuration). On dit untel wakkala un autre, c'est-à-dire le mandate et compte sur lui pour le représenter.

Le tawakkul est une attitude pour le cœur qui consiste à s'en remettre au mandataire et à compter sur lui. Or l'homme ne s'en remet à autrui que s'il croit qu'il possède certaines qualités comme la bonté, la puissance, la direction. Lorsque tu sais cela, tu peux lui comparer le tawakkul sur Allah - qu'il soit glorifié. Et lorsque tu réalises en toi-même qu'il n'y a pas d'autre agent que Lui et que tu crois qu'il possède la perfection en matière de science, de puissance et de miséricorde, qu'il n'y a aucune puissance au-delà de Sa Puissance, aucune science au-delà de Sa Science et aucune miséricorde au-delà de Sa Miséricorde, ton cœur comptera certainement sur Lui uniquement et ne prêtera pas attention à quiconque d'autre. Si tu ne retrouves pas cela en toi, c'est qu'il y a l'une des deux raisons suivantes à cette déficience : soit il s'agit d'une faiblesse de certitude à l'égard de l'une de ces qualités. Il s'agit d'une faiblesse du cœur, parce que la lâcheté s'était emparée de lui ou en raison de son trouble à cause des illusions qui le dominent.

En effet, le cœur peut être troublé par ce qui reste en lui comme illusion, même si cela n'affecte pas sa certitude. En effet, il arrive à celui qui est en train de prendre du miel, d'y répugner si on le compare à un rebut de grain. De même, si on charge un homme raisonnable de dormir avec un mort dans la tombe ou dans le même lit, ou dans la même pièce, sa nature y répugnerait, même s'il a la certitude qu'il s'agit de quelqu'un qui est bien mort et qui est parfaitement inerte. Pourtant sa nature ne répugnerait pas devant l'ensemble des objets inertes. C'est qu'il s'agit d'une lâcheté du cœur qui constitue une faiblesse à laquelle l'homme n'échappe que rarement. Ceci peut, d'ailleurs, s'aggraver au point de se transformer en phobie : Cet homme n'arrivera plus à dormir seul dans cette pièce, même s'il la ferme parfaitement de l'intérieur.

Donc, le tawakkul ne se réalise que grâce à la force du cœur et à la puissance de la certitude. Une fois que tu as compris le sens du tawakkul, tu sauras quel est l'état spirituel qu'on nomme tawakkul. Sache donc que cet état comporte, en fonction de la force et de la faiblesse, trois degrés.

Le premier degré: l'état du serviteur, à l'endroit d’Allah - qu'il soit exalté — et de la confiance en Sa protection et Sa providence, est semblable à son état de confiance envers son mandataire.

Le deuxième degré : c'est un état plus fort. Son état avec Allah — qu'il soit exalté - est semblable à l'état de l'enfant avec sa mère : il ne connaît rien d'autre qu'elle, ne s'adresse qu'à elle et ne compte que sur elle. S'il lui arrive quelque chose, la première chose qui lui vient à l'esprit et qui passe par sa langue c'est de crier : maman. Donc celui qui est épris d’ Allah, qui ne regarde que Lui et qui ne compte que sur Lui, tel un enfant qui est attaché à sa mère, son tawakkul est véridique.

La différence avec le premier tawakkul, c'est que cet homme s'éteint dans son tawakkul à son propre tawakkul, car il ne prête attention qu'à Celui à qui il s'en remet et il n'y a dans son cœur aucune place pour quelqu'un d'autre. Tandis que dans le premier cas, l'homme s'en remet par obligation et par acquisition. Il ne s'est pas encore éteint à son propre tawakkul puisqu'il lui prête de l'attention, ce qui l'occupe déjà dans sa contemplation de Celui à qu'il se remet.

Le troisième degré : il est encore plus élevé que les deux degrés précédents. Il consiste à être devant Allah comme un mort entre les mains de celui qui le lave : Il ne Le quitte pas, sauf qu'il ne se voit pas mort. Ceci diffère aussi de l'état de l'enfant avec sa mère dans la mesure où celui-ci se débat, crie et s'accroche à elle.

Ces états existent chez les créatures. Mais il est rare qu'on les retrouve chez elles en permanence, surtout le troisième degré.

 

[Ibn Qoudâma Al Maqdisî - Mukhtasar Minhaj Al Qasidin]

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