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" Frank n'est pas mort ", graffiti photographié à Tel-Aviv, ville considérée comme "la capitale homosexuelle du Moyen-Orient", située dans l'état profanateur... qui usurpe le nom d'Israel.

 

Rappel : 

On se rappellera le rôle suspect joué dans ce mouvement [Jeunes-Turcs] par des minorités russes, grecques, arméniennes et juives de Turquie, dont le but secret était l'abolition du Califat, profitant à la fondation ultérieure de l'Etat juif.

Jean Foucaud - note de la traduction inédite du Programme d'action d 'Aguéli

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 Il y a 94 ans, le 29 octobre 1923 était aboli le Califat Ottoman.
C'est l'’occasion de rappeler certains faits peu connus.
 

Gershom Scholem relate ce qui s’est passé lorsque le Sultan Mehmet IV finit par faire arrêter le faux messie Sabbataï Tsevi :
« Dans les jours qui suivirent, il [S. Tsevi] fut conduit devant le diwan, en présence du sultan qui suivait le procès dans une alcôve masquée par une grille. Là encore, les comptes rendus de ce qui s’est passé sont contradictoires. Les fidèles racontent qu’il était dans un de ses états d’abattement mélancolique, et que, conservant une absolue passivité, il laissa les évènements suivre leur cours. Ils décrivent son apostasie comme un acte lui ayant été imposé, et dans lequel il ne prit aucune part. Bien qu’il puisse s’être trouvé dans un état d’abattement, les faits furent sûrement différents. Il fut examiné par la cour ou le conseil privé et nia – ainsi qu’il l’avait fait auparavant dans des circonstances similaires – avoir jamais eu des prétentions messianiques. Selon certains, il fit même un long discours à ce sujet. Finalement, on lui offrit le choix, soit d’être exécuté sur-le-champ, soit de se convertir à l’islam. Selon l’une des sources, Kasim Pasha, l’une des plus hautes personnalités et un peu plus tard le gendre du sultan, aurait conduit l’entretien décisif, «le traitant de telle sorte qu’il était heureux de devenir Turc». Mais toutes les autres sources s’accordent à dire que ce rôle fut tenu par le médecin du sultan, Mustapha Hayatizadé, un juif apostat. Il parvint à convaincre Shabbataï Zevi d’accepter la proposition de la cour, qui, semble-t-il, avait arrêté sa décision avant même qu’il ne parût devant elle. Le médecin intervint essentiellement en tant qu’interprète, les rudiments de turc dont disposait Shabbataï Zevi à cette époque étant plutôt pauvres. Le sultan Mehmed IV, homme très religieux, voyait probablement d’un bon œil l’idée qu’une personnalité juive aussi éminente puisse conduire nombre de ses disciples à suivre le même chemin, et les attitudes du conseil furent certainement influencées en partie par de subtiles considérations. Acceptant d’apostasier et de porter le turban, Shabbataï Zevi prit pour nom Aziz Mehmed Effendi. Étant tenu pour un convers important, il bénéficia du titre honorifique de Kapici Bashi (gardien des portes du palais), et une pension de cent cinquante piastres par jour fut jointe à sa nomination. Plusieurs des disciples qui l’avaient accompagné le suivirent dans son apostasie, ainsi que sa femme lorsqu’elle fut ramenée de Gallipoli quelque temps plus tard. La date de la conversion, 15 septembre 1666, est confirmée par de nombreuses sources. » (G. Scholem, « La kabbale », folio, 2011, p. 404-405)

On surnomma ses disciples, qui le suivirent dans sa fausse conversion à l’islam, les « dönme » ou « deunmès ». Edgard (Nahum) Morin, dans un livre qui retrace la vie de son père et ses origines, résume ainsi la suite de l’histoire :
« Le sabbétaïsme se divisa en deux branches secrètes, l’une au sein du judaïsme, l’autre au sein de l’islamisme. La branche juive subit un processus inégal de dissolution, comme l’avait été celui du judaïsme chez les marranes demeurés en Espagne. Toutefois, dans certaines familles comme les Cardoso, on fera longtemps des prières exprimant l’attente du retour de Sabbetaï. Des missionnaires partiront de Salonique prêcher l’évangile sabbétéen chez les juifs d’Europe, et, comme l’indique Scholem, on peut considérer aussi bien le hassidisme des ghettos polonais que le « frankisme » à double visage, chrétien et juif, d’Autriche-Hongrie, comme des rejetons du sabbétaïsme.

La branche islamique, dont le foyer central devint Salonique, se divisa en trois sectes. Comme le judaïsme secret des marranes, mais cette fois au sein principalement du monde musulman, le sabbétaïsme devint une religion occulte camouflée par la pratique du culte officiel à la mosquée, voire même du pèlerinage à La Mecque. 200 familles séfarades adoptèrent l’islam à la suite de l’abjuration du Messie, 300 familles se convertirent de même en 1686, dont certaines parmi les plus riches et les plus influentes. Ces convertis demeurés sabbétéens sont nommés deunmès (mot turc signifiant apostat), et ils seront longtemps tenus en méfiance à la fois par les musulmans traditionnels et par les juifs désabbétaïsés. Il y aura 8000 deunmès à Salonique au début du XIXe siècle, et, sans doute sous l’effet de la même croissance démographique que celle des séfarades, de 15 à 20000 en 1912 (les deunmès constitueront alors plus de la moitié de la minorité musulmane de la ville, soit 11 % de la population totale).

Encore à la fin du XVIIIe siècle, il y eut des mariages deunmés-juifs et des familles apparentées restèrent en relations. Mais, au début du XIXe siècle, le sabbétaïsme se referme au sein du monde islamique, et la communication familiale ou de croyance semble avoir été généralement rompue avec le voisinage juif. Les deunmès s’installèrent dans leur quartier propre. Ils formèrent, au XVIIIe et au début du XIXe siècle, la part la plus riche et active de la cité. En dépit de la méfiance des musulmans authentiques, les deunmès s’intègrent progressivement dans la société turque, et ils joueront à la fin du XIXe siècle un rôle très actif dans le mouvement de rénovation Jeune-Turc. Ils seront les premiers, dans le monde proprement turc, à s’ouvrir aux idées laïques, libérales et nationales d’Occident dont ils se feront les propagateurs. Ainsi, par un ultime avatar du marranisme, la clôture sur elle-même de la double identité deunmè se métamorphosera en ouverture sur les idées laïques d’Occident, et, ainsi reconvertis, les deunmès animeront l’européisation de la Turquie. » (Edgar Morin, « Vidal et les siens », Seuil, 1989, p. 21-22)

Au XIXe siècle, parmi les chefs influents de la communauté dönme on peut relever l’activité subversive de Şemsi Efendi, fondateur d’une école moderne à Salonique qui sera fréquentée par le jeune Mustafa Kemal Atatürk, « père » de la Turquie Moderne sur les ruines du Califat, dont la politique sera furieusement anti-islamique, anti-traditionnelle. Il sera constamment entouré de dönme, très présents parmis les « Jeunes-Turcs » à propos desquels R. Guénon écrivait dans « Orient et Occident » (chap. IV) qu’ils sont « foncièrement antimusulmans, souvent aussi israélites d’origine, et qui n’ont pas la moindre autorité ».

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